Avant d'examiner l'application du prédicat de «gratuit» et les circonstances psycho-sociales de ce qui est appelé «acte gratuit», je voudrais établir une définition tautologique du terme lui-même. La notion de gratuité réfère à une absence de fondement, soit au plan de l'origine (cause efficiente), soit au plan de la signification (finalité, valeur, cohérence, vérifiabilité). La gratuité, si l'on ne veut pas en faire une réalité substantielle, sera ainsi la propriété logique ou formelle de ce qui n'a pas de fondement, c'est-à-dire pas de cause, pas de valeur (valeur d'utilité tout spécialement) ou pas de sens qui lui donnerait un statut dans la réalité objectale ou phénoménale. Dans la mesure où l'on considère qu'il n'y a rien qui puisse être tel dans l'ensemble des objets qui nous entourent ou dans l'ensemble des événements qui surviennent dans notre réalité, la gratuité ne peut désigner proprement aucune réalité particulière.